Memo #11 : Comment COVID-19 a influencé nos attitudes, et ce que cela signifie pour nos rues principales

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Par : Salman Faruqi et Kate Graham, Institut urbain du Canada

Les mois de perturbation et d'isolement dus à COVID-19 modifient nos attitudes, peut-être même d'une manière que nous ne comprenons pas encore tout à fait. Sortirons-nous de cette crise en nous sentant moins à l'aise dans les espaces publics ? Nos orientations à l'égard des rassemblements publics et des services publics changeront-elles, et si oui, pour combien de temps ? Que faudra-t-il pour que nous nous sentions à nouveau à l'aise dans nos rues principales et nos petits commerces ?

Bien que nous ne connaissions pas définitivement les réponses à ces questions, ni la durée de cette pandémie, nous avons quelques indications sur la façon dont nos attitudes changent. Cette note résume ce que nous savons aujourd'hui, sur la base d'une analyse des études d'opinion publique disponibles, sur la façon dont les attitudes des Canadiens ont changé au cours de cette pandémie - et sur la façon dont cela peut affecter nos rues principales.

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Attitudes à l'égard des espaces publics

Il faudra du temps pour que de nombreuses personnes se sentent à l'aise pour retourner dans les espaces publics.

Selon un sondage Abacus réalisé en juillet, la plupart des Canadiens estiment que le gouvernement agit au bon rythme pour reprendre ses activités normales. Toutefois, jusqu'à 30 % des Canadiens pensent que le gouvernement agit trop rapidement. Ce résultat est conforme à celui d'une enquête réalisée en avril dernier, selon laquelle 30 % des Canadiens ne seraient pas à l'aise pour retourner dans les espaces publics tant qu'un vaccin n'aura pas été mis au point.

Les Canadiens sont impatients de retourner dans les espaces publics tels que les rues principales, à condition d'avoir l'assurance que les directives en matière de santé et de sécurité sont respectées.

Dès le début de la pandémie, une enquête de Statistique Canada a révélé que les gens étaient extrêmement préoccupés par le stress causé par le fait de rester confinés chez eux. Ils s'inquiétaient également des conséquences de l'impossibilité d'accéder aux espaces publics. Google Mobility a constaté une augmentation de 142 % de l'utilisation des parcs à la fin du mois de juin.

Attitudes à l'égard de l'interaction avec d'autres personnes

Le maintien des liens sociaux est une préoccupation majeure des Canadiens, en particulier des personnes âgées de 75 ans et plus.

L'enquête de Statistique Canada indique également qu'un tiers des Canadiens âgés de 75 ans et plus vivent seuls et sont donc plus exposés au risque d'isolement social. Cela est particulièrement vrai pour les femmes âgées. Les Canadiens âgés sont donc plus susceptibles d'avoir élaboré des plans d'interaction et de communication avec leur famille et leurs amis que leurs homologues plus jeunes.

Les gens pensent que le compromis peut être équilibré en persistant à prendre des mesures de distanciation sociale.

Selon les données de Campaign Research, plus de 80 % des Canadiens estiment que les règles d'éloignement physique sont efficaces pour minimiser le risque de contracter le COVID-19. Alors que de nombreuses provinces et régions du Canada s'ouvrent, la crainte d'une deuxième vague pourrait inciter les Canadiens à continuer de faire pression sur les gouvernements pour qu'ils appliquent des mesures de sécurité telles que le port obligatoire de masques, l'éloignement en cas de maladie ou après un voyage, et la recherche de contrats.

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Comportements des consommateurs

La pandémie et les mesures de confinement ont contribué à ce que de nombreuses entreprises connaissent une baisse substantielle de leurs revenus.

Statistique Canada a constaté qu'un tiers de toutes les entreprises au Canada ont connu une baisse de leurs revenus au premier trimestre de 2020 de plus de 40 % par rapport à 2019. Les entreprises des secteurs de la restauration, des arts, du divertissement, des loisirs et du commerce de détail étaient les plus susceptibles de signaler une baisse de leurs revenus.

La baisse des dépenses de consommation touche de plein fouet les jeunes Canadiens, qui sont financièrement les plus durement touchés par la pandémie.

En avril, Statistique Canada a constaté que les jeunes Canadiens étaient plus susceptibles de déclarer que la pandémie aurait un impact sur leur emploi ou leurs finances, 43 % d'entre eux pensant qu'ils perdraient leur emploi, contre 34 % pour l'ensemble des Canadiens. Ce constat a été confirmé par la récente enquête sur la population active, qui a révélé que les jeunes travailleurs ont été les plus touchés par les pertes d'emploi pendant la pandémie. Bien que l'emploi des jeunes ait enregistré de fortes progressions depuis mai, il reste nettement inférieur aux niveaux d'avant la pandémie - une tendance qui continuera d'avoir un impact sur les dépenses de consommation.

Crédit photo : Ross Dunn, Flickr

Crédit photo : Ross Dunn, Flickr

Implications pour les entreprises de la rue principale

Les Canadiens doivent se sentir à l'aise et en sécurité lorsqu'ils retournent dans les rues principales, mais ils privilégieront les petites entreprises et les commerces locaux lorsqu'ils rouvriront.

"Je pense que fondamentalement, dans les rues principales, nous constatons que les entreprises qui sont liées à leurs communautés se portent mieux que celles qui n'ont pas de liens étroits. - Mitchel Reardon, Experiments, Urban Planning & Design Lead at The Happy City, CUI CityTalk, 9 juillet 2020

Les enquêtes menées pendant la période de fermeture ont révélé que les Canadiens ne se rendaient pas dans les restaurants, les bars, les centres commerciaux, les magasins de détail non essentiels et les magasins de services à la personne. Toutefois, les études sur les attitudes du public suggèrent qu'il faudra un certain temps pour que les gens retournent dans les rues principales et dépensent autant qu'avant la pandémie.

  • Avant la réouverture, deux tiers (66 %) des Canadiens ont déclaré qu'ils se sentiraient à l'aise pour visiter des magasins de détail dans les deux mois ou plus tôt si la crise immédiate du COVID-19 s'atténuait. Une minorité de Canadiens a estimé que cela prendrait plus de temps.

  • Alors que plus de la moitié (55 %) des consommateurs canadiens ont déclaré qu'ils n'avaient pas l'intention de réduire leurs dépenses ou qu'ils ne le feraient que pendant cinq mois ou moins, beaucoup d'autres pensent qu'ils restreindront leurs dépenses.

  • Parallèlement, la majorité (78 %) des consommateurs déclarent que cette crise les a rendus plus conscients de l'importance des petites entreprises dans leurs communautés et qu'ils sont plus enclins à les soutenir davantage à l'avenir.

  • "L'achat de produits canadiens est également une priorité, une enquête Léger ayant révélé que 74 % des Canadiens déclarent acheter souvent des produits ou des services originaires du Canada auprès d'une entreprise canadienne. Ils sont motivés par le désir de soutenir l'économie canadienne et la création d'emplois, ou par la conviction que les produits canadiens sont de meilleure qualité.

Ce que les attitudes des Canadiens signifient pour l'avenir des rues principales

Nous savons que la pandémie aura des répercussions importantes sur les rues principales du Canada alors qu'elles s'apprêtent à se rétablir. Pour les petites entreprises et les entreprises locales, la recherche sur les attitudes met en évidence trois domaines auxquels il faut prêter attention :

Les entreprises doivent satisfaire aux exigences en matière de santé et de sécurité - Les consommateurs souhaitent limiter autant que possible les contacts directs avec d'autres personnes et aimeraient que les entreprises nettoient fréquemment leurs magasins, qu'elles mettent à la disposition des consommateurs du désinfectant pour les mains et des chiffons désinfectants, qu'elles limitent l'occupation des espaces clos, qu'elles facilitent la distanciation sociale et qu'elles forment le personnel aux protocoles d'hygiène.

Les entreprises doivent s'impliquer dans leur communauté - Pour les entreprises locales, participer à des initiatives de renforcement de la communauté, telles que des heures d'ouverture du magasin réservées aux personnes âgées, les aidera à établir des liens avec les consommateurs de leur quartier.

Les entreprises doivent développer une marque locale et canadienne - Le maintien d'une marque qui évoque l'éthique "acheter local" et "rouge et blanc" des consommateurs encouragera les achats dans les établissements locaux.

Nous vivons une période de changements rapides. Les attitudes évoluent, les comportements changent et les entreprises comme les gouvernements doivent s'adapter rapidement aux conditions émergentes. Bien que nous ne puissions pas prédire l'avenir, nous savons que COVID-19 aura un impact significatif et continu sur les villes du Canada et nos rues principales - et nous sommes bien avisés de prêter une attention particulière à l'évolution de ces tendances.

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